Le Messie de Haendel

avec l’Orchestre du CNA

2024-12-18 19:00 2024-12-19 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Le Messie de Haendel

https://nac-cna.ca/fr/event/36096

Événement en personne

Grand classique des fêtes, le Messie de Haendel est un incontournable en cette saison. Cette année, son interprétation par l’Orchestre du CNA sera dirigée par un des membres de la grande famille, de retour sur le podium. À la baguette, Trevor Pinnock, le claveciniste et ancien premier chef d’orchestre l’Orchestre du CNA. Sa connaissance profonde du Messie rend l’expérience hors du commun. Le spectacle met également...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
18 - 19 déc 2024
18 - 19 déc 2024

≈ 2 heures et 30 minutes · Avec entracte

Répertoire

GEORG FRIEDRICH HAENDEL

Le Messie, HWV 56

GEORGE FRIDERIC HAENDEL
Halle, 23 février 1685
Londres, 14 avril 1759

« Le Messie de Haendel est plus qu’une œuvre musicale, c’est un monument de la civilisation occidentale qui, deux siècles et demi après avoir été composé, est aujourd’hui un véritable mythe. » C’est dans ces termes que le critique et historien britannique Nicholas Kenyon résume fort à propos la place du Messie dans le monde occidental, car, dans toute l’histoire de la musique, peu d’œuvres ont suscité un attrait aussi universel en raison de leur inspirante beauté. Si, comme l’affirme le critique Lawrence Gilman, « la caractéristique de tous les véritables chefs-d’œuvre est leur capacité à se renouveler à l’infini », Le Messie est assuré de demeurer une étoile brillante au firmament des chefs-d’œuvre. C’est sans conteste l’oratorio le plus connu et le plus souvent interprété.

La popularité irrésistible et continue du Messie, qui remonte à l’époque même de Haendel, aurait surpris son créateur. En effet, ce dernier envisageait son rôle d’abord et avant tout comme celui de compositeur dramatique, c’est-à-dire de créateur d’opéras, et c’est surtout en cette qualité qu’il pensait atteindre la postérité. Pendant plus de deux décennies, Haendel fut adulé et compté au nombre des plus grands compositeurs anglais (malgré le fait qu’il était né en Allemagne et avait été formé en Italie); les Londoniens se rendirent en masse écouter la quarantaine d’opéras qu’il produisit entre 1711 (année de son arrivée à Londres) et la fin des années 1730. Mais le public inconstant se lassa de l’opéra qui, vers le milieu des années 1730, cessa d’attirer les foules. Il fallait quelque chose de nouveau et de typiquement anglais pour intéresser les auditoires.

Haendel se montra à la hauteur de la tâche en créant l’oratorio anglais, présentant Esther, première œuvre du genre, en 1732, puis 22 autres au cours des 25 années qui suivirent. Composées sur des paroles en anglais (et non un livret italien), ces œuvres avaient pour thèmes des épisodes principalement tirés de l’Ancien Testament, que les Anglais connaissaient bien. L’oratorio, tel que Haendel le façonna, était essentiellement une œuvre dramatique employant les mêmes ingrédients musicaux et dramatiques que l’opéra – récitatif, arioso, aria, ensemble soliste, chœur et personnages –, mais mettant de côté les éléments de mise en scène que sont le décor, les costumes et le jeu des acteurs. Les chœurs gagnent en outre en importance dans l’oratorio.

L’idée du Messie provient de Charles Jennens, mélomane et figure du monde littéraire avec lequel Haendel avait collaboré à d’autres œuvres chorales. Tirant presque tous ses textes de l’Ancien Testament (principalement de la King James Bible de 1611), Jennens composa un canevas méditatif évoquant toute la vie et l’œuvre du Christ : les prophéties de Sa venue; Sa naissance et l’allégresse qui l’a accompagnée; des épisodes de Sa vie; la Passion; la Résurrection; et l’espoir de Son retour.

La création du Messie connut un succès retentissant, le 13 avril 1742 au Neale’s Music Hall de Dublin, mais les représentations données à Londres dans les années suivantes reçurent un accueil mitigé. En 1750, l’œuvre prit son essor et sa popularité ne s’est jamais démentie depuis. Haendel mourut neuf ans plus tard, huit jours après être apparu pour la dernière fois en public au cours, justement, d’une prestation du Messie. Mais l’œuvre continua de vivre, de se développer, prenant même des proportions colossales.

Le Messie est devenu un mythe musical plus grand que nature à l’occasion de la première grande commémoration tenue en l’honneur de Haendel en 1784; on avait alors réuni un chœur de 275 voix, le plus grand jamais assemblé jusqu’alors pour un seul concert (du vivant de Haendel, on se contentait d’un chœur d’une vingtaine de personnes), auquel un orchestre de 250 musiciens venait prêter main-forte. Cette inflation des exécutants s’est poursuivie tout au long du XIXe siècle. « Qui a déjà entendu un chœur trop grand pour Haendel? », demandait le Musical Examiner en 1843. Apparemment peu de gens, puisqu’en 1857, la Haendel and Haydn Society de Boston donna une représentation réunissant entre 600 et 700 choristes. Deux ans plus tard, le Messie fut donné avec un chœur de 2 765 voix et un orchestre de 460 musiciens dans le cadre d’un grand festival célébrant le centenaire de la mort du compositeur. Pendant le Jubilé national de la paix à Boston, en 1869, le chœur de l’« Alléluia » fut exécuté par un ensemble de 10 000 choristes et 500 instrumentistes!

De nos jours, on assiste au retour du balancier. Depuis une vingtaine d’années, les musicologues soulignent les dimensions relativement modestes des ensembles de l’époque de Haendel, et on compte de nombreux enregistrements et représentations en public se fondant sur l’une des partitions dont se servait le compositeur. Il faut cependant rappeler que l’on ne peut parler de version « authentique », « définitive » ou « complète » du Messie. En effet, entre le moment où il mit la dernière main à la partition, en septembre 1741, et sa mort 18 ans plus tard, Haendel révisa et modifia constamment son œuvre afin de l’adapter aux exigences des diverses représentations. Ces changements consistaient à transposer certains airs pour les adapter à la tessiture des solistes; à supprimer certains morceaux s’avérant trop difficiles; à les réduire s’ils étaient trop longs; à les modifier pour changer le rythme; à ajouter du matériau supplémentaire; à élargir le chœur; à ajouter des parties pour des instruments d’orchestre, etc. Les spectacles présentés à Broadway de nos jours subissent un sort semblable.

À l’instar des autres oratorios de Haendel, le Messie comprend trois parties. La première relate la venue du Christ, telle que la rapportent les prophéties de l’Ancien Testament. Sa naissance y est annoncée (« Chantons l’Enfant qui vient de naître »), puis un ange apporte la Bonne Nouvelle à des bergers. La paix sur terre et la rédemption de l’humanité sont proches.

La deuxième partie évoque la Passion, la Résurrection et l’annonce de la Bonne Nouvelle, faisant, de nouveau, presque uniquement appel aux prophéties de l’Ancien Testament. La grande vision du retour glorieux et triomphal du Christ, tirée de l’Apocalypse, nous est donnée dans l’« Alléluia » final.

Le thème de la troisième partie, une expression de foi dans la rédemption et une renaissance symbolisée par le retour du Christ, est énoncé par ces mots que le compositeur a mis dans la bouche de la soprano : « Mon Sauveur est vivant et Il reviendra au jour du Jugement dernier pour nous juger ». Le Messie se termine sur une musique d’une majesté sans précédent avec l’image du Christ, Agneau de Dieu, assis sur son trône pour l’éternité.

Pour conclure, voici les commentaires de Klaus G. Roy, ancien rédacteur des notes de programme de l’Orchestre de Cleveland, sur le rôle quasi mythique que le Messie joue aujourd’hui dans nos vies : « le Messie de Haendel semble être, comme la nature elle-même, à la fois changeant et immuable. Il est pratiquement impossible de retracer toutes les versions dans lesquelles il a été présenté, que ce soit de façon abrégée ou étendue, avec une touche contemporaine plus ou moins réussie, dans des salles à l’acoustique parfaite ou désastreuse, dans de petites églises ou dans d’immenses cathédrales. le Messie a fait l’objet d’interprétations fidèles à la lettre, mais négligeant l’esprit de l’œuvre, et de beaucoup plus nombreuses représentations mettant en valeur l’esprit, mais ne respectant pas très bien la lettre. Pour certains, c’est la religion personnifiée, pour d’autres, c’est un art religieux et pour d’autres encore, simplement de l’art. Certains détestent cette œuvre à cause des déformations qu’elle a subies ou parce qu’elle a été trop entendue et qu’elle provoque tout simplement l’ennui. Pour d’autres, c’est la seule œuvre d’art dont l’audition régulière a été le principal contact avec la grande musique. Enfin, pour ceux qui ont refusé de l’écouter tant que, selon eux, les conditions idéales ne seraient pas réunies, le Messie a été une révélation. Cette œuvre a été et continue d’être tout cela et bien plus. Seule une œuvre d’art de valeur extraordinaire peut exercer un pouvoir aussi durable sur l’humanité. »

Traduit d’après Robert Markow

Artistes

  • Chef d’orchestre Trevor Pinnock
  • Avec Orchestre du CNA
  • Soprano Karina Gauvin
  • Contralto Claudia Huckle
  • Tenor Isaiah Bell
  • Baryton-basse Stephen Hegedus
  • Avec Cantata Singers of Ottawa
  • Avec Capital Chamber Choir

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre